Ampere, le constructeur de voitures électriques du groupe Renault
- Bertrand Gay
- 22 nov. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 févr.

Avec son logo en forme de losange et ses larges attributions – définition des produits, développement des chaînes de traction électriques et de l’architecture SDV, développement du véhicule, Ampere est le constructeur des voitures électriques des marques du groupe Renault. En amont, le groupe Renault alloue les ressources financières nécessaires au développement des véhicules, met à disposition d’Ampere ses équipes et les moyens de développements (Technocentre, infrastructures et pistes). Chaque marque définit le cahier des charges du véhicule. Ampere s’appuie également les méthodologies et savoir-faire du groupe (qualité, achats, logistique). En aval, chaque marque du groupe assure le marketing et la commercialisation du véhicule développé par Ampere. « 90 % des coûts du véhicules sont décidés par Ampere » précise indique Luca de Meo, directeur général d’Ampere et de Renault Group. En quelque sorte, Ampere agit, au présent puisque le « détourage » a été réalisé le 1er novembre dernier, presque comme un constructeur au sein du groupe Renault. Une telle organisation poursuit plusieurs objectifs : Focaliser une équipe resserrée et efficace vers un seul objectif : devenir le leader des véhicules électriques en Europe. Tirer parti de cette concentration pour abaisser les coûts des voitures électriques et être le premier constructeur européen a produire des VE au même coût que les thermiques. Maintenir les positions commerciales du groupe Renault, 10 % du marché européen, dans un futur marché européen 100 % électrique.
Nouveau constructeur mais départ lancé Pour atteindre ces objectifs, Ampere ne part pas d’une feuille blanche mais s’appuie sur les actions menées, avec plus ou moins de succès, par le groupe Renault depuis quinze ans dans le domaine du véhicule électrique. « 80 % des investissements des quatre premiers modèles sont déjà financés » précise Thierry Piéton, directeur financier d’Ampere. Au sein de la gamme de la marque Renault, Ampere donnera naissance à sept modèles électriques. Les deux premiers sont déjà connus, Megane E-Tech et Scénic. La R5 sera présentée, fin février prochain au prochain salon de Genève et sera commercialisée fin 2024, la R4 suivra en 2025. Et Ampere a dévoilé la semaine dernière une petite voiture électrique, aux lignes évoquant la Twingo, qui pourrait être proposée à un prix de 20.000 euros en 2026. Ces trois voitures reposeront sur la plateforme AmpR Small, ex-CMF-B EV. Ampere promet deux nouveaux véhicules pour 2027 et 2028. A cette échéance, viendra le temps du renouvellement des voitures du segment C, Megane et Scenic, reposant sur la plateforme AmpR Medium. Ampere ne nourrit pas uniquement la gamme Renault, l’Alpine A290 et la Nissan Micra seront basées sur la R5, Mitsubishi disposera d’un SUV du segment C reposant sur le Scenic. Une petite voiture électrique serait également en développement pour Dacia. Les trois sites industriels d’ElectriCity monteront progressivement en puissance pour atteindre une capacité de production d’un million de véhicules en 2031, après 620.000 unités en 2027. Et Luca de Meo précise que l’assemblage de la Renault 5 sera réalisé en 10 heures, soit 9 heures de moins que le temps mis par le leader actuel. Près de 75 % des fournisseurs de la R5 sont implantés à moins de 300 kilomètres de l’usine de Douai.

Plus vite et moins cher Ampere a l’objectif de développer des voitures plus rapidement et de manière plus frugale. « Le coût des projets de la seconde génération de Mégane et de Scenic sera 40 % inférieur » indique Luca de Meo. Il promet que cette rapidité d’exécution des projets mettra la voiture évoquant la Twingo sur la route, deux ans après son gel de style. Il ajoute que ce mouvement d’optimisation des coûts a déjà commencé : le pack batterie de la Renault comprendra 4 modules au lieu de 12 et l’ensemble de la voiture fera appel à 25 % de pièces en moins que sur la Megane. « Plus vite nous abaisserons les coûts, plus vite nous proposerons des voitures à un prix compétitif » ajoute t-il. Pour la seconde génération de voitures du segment C, l’objectif est d’arriver à un prix identique entre une voiture électrique et une voiture thermique. Financièrement, Ampere devrait réaliser un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros en 2023, dont la moitié pour l’activité de production de la Megane E-Tech. En 2025, Ampere vise un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros, dont environ 20 % pour les partenaires et prévoit environ 25 milliards d’euros en 2031. Ce montant se décomposerait ainsi : 90 % pour les véhicules, 5 % pour les partenaires et 5 % en services et après-vente. Ampere vise une marge opérationnelle à l’équilibre en 2025, et de plus de 10 % du chiffre d’affaires à partir de 2030. Sans en préciser plus avant le mécanisme, Luca de Meo indique qu’Ampere vendra ses « crédits CAFE » à Renault Group et à d’autres constructeurs. Ils représenteront 4 % du chiffre d’affaires de 2025. « Avec 35 % d’ingénieurs, dont la moitié dans le logiciel, Ampere est concentré sur l’essentiel. Cela signifie que nous atteindrons un ratio chiffre d’affaires par employé de 2,5 millions d’euros. Ce chiffre est deux à trois plus élevé que le standard actuel ». Côté coûts, Luca de Meo indique que « 80 % des investissements des quatre premiers modèles sont déjà financés ». Il ajoute qu’Ampere sera « très rapidement » capable d’autofinancer ses développements. « Nous consommerons 1,5 milliard d’euros jusqu’à la mi-2025, puis nous serons à l’équilibre ». Il y a quelques mois, Luca de Meo visait une introduction en Bourse au cours du premier semestre 2024 et tablait sur « 8 à 10 milliards d’euros » de capitalisation boursière. L’objectif s’est quelque peu assoupli : le premier semestre reste au calendrier mais seulement si « le marché est réceptif » souligne le directeur général d’Ampere. Savoir-faire technologiques, frugalité des moyens employés, temps de mise sur le marché le plus réduit possible et objectifs de coûts ambitieux font qu’Ampere estime être bien placé pour relever le défi de la voiture électrique à bas prix et contrer l’offre chinoise.
Bertrand Gay